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Adraylia
20 février 2005

Arrivée en Adwyr... (2)

Arrivée en Adwyr (2)
 
J'ai marché toute la journée dans un paysage enneigé sans rencontrer d'autre forêt que celle où je me suis éveillée. La couleur dominante de ce pays est le blanc, entrecoupé du bleu pur du ciel et du gris-bleuté des rochers. Je respire l'air glacial et je me sens bien, libre. Je ne ressens aucune fatigue malgré ces longues heures de marche dans la neige.

Mais je me fais du souci pour la petite Ysa. En chemin, j'ai essayé de lui faire manger la chair d'un jeune lièvre fraîchement tué. Mais même découpée en tout petits morceaux, elle n'a pu avaler la viande, à peine a-t-elle lapé un peu de sang, mais cela ne suffira pas. Il faut qu'elle vive !

Je vais bien finir par rencontrer quelqu'un, ces contrées ne peuvent être complètement désertes, j'ai aperçu des traces de chevaux dans la neige, nul doute qu'elles me mèneront à un endroit habité. A peine ai-je formulé cette pensée qu'apparaissent au détour du chemin les fortifications d'un château. J'accélère le pas tout en serrant instinctivement la jeune louve un peu plus fort contre mon coeur.

Je n'ai qu'une idée en tête : lui trouver du lait.

L'un des gardes à l'entrée m'interpelle durement :
Qui es-tu ? Que veux-tu ? Le maître n'accepte pas de mendiants ici, passe ton chemin !

Je ne suis pas un mendiant ! Je ne demande rien qu'un peu de lait pour un louveteau qui a perdu sa mère, répondis-je calmement en le regardant droit dans les yeux.

Puis tout s'accélère : le deuxième garde attrape Ysa en rigolant et fait mine de la jeter en l'air... Sans que personne ait le temps d'esquisser un seul mouvement, il se retrouve avec mon poignard sur la gorge. Déjà une goutte de sang perle.

Si vous touchez un seul poil de cette louve, vous êtes mort ! Vous allez me la rendre sans geste brusque et me conduire dans un endroit où je pourrai lui donner du lait.

Paradoxalement, j'ai prononcé ces phrases sans élever la voix, mais d'un ton glacial.
Dans les yeux du garde la peur est palpable… peur ? épouvante devrais-je plutôt dire… et c'est avec des gestes d'automate qu'il me tend Ysa. Je n'ai pas le temps de m'interroger sur sa réaction et ce qui a bien pu la provoquer (ce n'est quand même pas mon petit poignard qui peut ainsi impressionner un homme d'armes...) qu'une voix forte se fait entendre dans mon dos. Un homme qui s'adresse non pas aux gardes mais à moi.

Que se passe-t-il ici ? Qui es-tu gamin ?

Je me retourne pour lui faire face, le poignard toujours à la main, Ysa calée dans mon autre bras. Il s'agit d'un homme déjà âgé, mais grand et encore costaud, au port altier. Vêtu d'une armure couleur argent, étincelante, il est monté sur un cheval de très haute taille. Est-ce le seigneur de ces lieux ? Je lève les yeux pour capter son regard et abaisse mon poignard.

Je voudrais juste un peu de lait pour cette jeune louve, Seigneur. N'ayant pas de quoi vous le payer, j'effectuerai toute tâche que vous voudrez bien me confier pour vous dédommager. Je m'appelle Adra-hien.

Pourquoi modifier ainsi mon nom au dernier moment, de manière à me faire passer pour le garçon qu'il a vu en moi ? Je n'en sais rien. Ce que certains appelleront l'instinct me l'a dicté, marquant ma destinée par ce seul changement de 4 lettres...

            
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