première soirée FHC (12)
- par Niabea -
La salle commençait à
s’agiter, attendant que Belokan ouvre enfin le bal, et l’excitation
collective donnait le temps au jeune Tisseur d’examiner les différentes
personnes en personnes. Il reconnut ainsi certains Seigneurs d’Ekarys,
pour la plupart faisant parti des Guerriers Oubliés, ou encore des
Cités de Rhodes, mais encore une fois, peu de visages connus. Un éclat
rouge attira son attention au cœur de la salle, bien loin de la plupart
des Dames en présence la jeune personne qui avait déjà attiré son
regard plus tôt, celle-ci avait choisi, sans peur, un costume masculin.
A savoir celui d’un flibustier d’Azkenor si ce que Niabea avait pu voir
dans les livres était correct. Etonnamment la tenue lui seyait à
merveille, la rendant plus vive et éclatante que toutes les autres
femmes en présence. Elle semblait s’amuser de la situation et profiter
de chaque instant sans remords. Niabea l’envia d’être si libre, lui
dont le poids de sa charge lui pesait souvent. Presque machinalement il
arrêta un des troubadours passant près de lui.
- Dis moi mon brave…
Le ménestrel s’arrêta, surpris qu’on lui parle avant même qu’il n’ait débuté son aubade.
- Qui y’a-t-il Messire ?
Niabea ne le regardait même pas, fixant toujours la jeune femme du regard.
- Tu peux peut-être m’aider vois-tu… Sais tu qui est la jeune Dame au déguisement de pirate que je peux voir là-bas ?
Le poète errant eut un petit rire et répondit.
-
Il s’agit de Dame Adraylia d’Adwyr mon Seigneur, une grande amie de
notre hôte Belokan et une combattante hors pair à ce qu’en disent les
gens !
Niabea ouvrit grand les
yeux à l’écoute de ces mots, cette femme, une guerrière ? Il ne pouvait
le croire à son apparente frêle constitution. Il essaya de se
l’imaginer en plein champ de bataille ou une épée à la main et ne pu
réprimer un sourire. Le troubadour, vexé que son interlocuteur ne lui
prête plus aucune attention s’éloigna tandis que le jeune homme
reprenait sa place. Une guerrière, vraiment ? Décidemment cette femme
avait bien des attraits.
Soudain ses pensées vinrent le frapper avec violence, le ramenant à la réalité.
- Mais qu’est ce que je raconte… Je ne suis pas là pour m’appesantir sur la gente féminine, aussi… aussi agréable soit-elle…
Il marqua un silence, les yeux perdus dans le vague.
- Mais qu’elle est belle…
Il
secoua la tête violence mettant fin brusquement à sa pensée. Voila
qu’il recommençait à songer à cette inconnue. C’était parfaitement
idiot. Il décida de sortir quelques temps hors de la salle pour se
changer les idées. Bousculant deux ou trois Seigneurs, il alla
rejoindre la Taverne et Gontran. Celui-ci, de façon surprenante, lui
offrit un verre, et le jeune Tisseur se demanda si, après tout, il
n’avait pas vu le Mal partout en cette soirée. Il entendit quelques
accords à côté. Le bal avait du débuter, mais peu lui importait au
final et il pouvait très bien finir sa soirée ici en attendant que les
invités de Belokan ne s’en aille, et que ce dernier soit enfin décidé à
négocier…
- Et bien nous voilà bien seuls Gontran…
Les
derniers clients commençaient à quitter la taverne, retournant à leurs
vies, et Niabea fut pris de mélancolie et de lassitude. Que
devenaient-ils tous en Cadrienia ? La mine fatiguée de Gontran n’aidait
pas le jeune homme à se sentir mieux, et, de plus, il était désormais
le seul client de la Taverne. La nuit était déjà bien commencée et l’on
ne devait vraiment pas être loin de … Par Mystra ! Niabea se tourna
vers Gontran, un sourire gêné aux lèvres.
- Dis moi mon ami… Tu ne resterais pas en ces lieux que du fait de ma seule présence n’est-ce pas ?
L’air
gêné du tavernier lui apporta la réponse. Niabea eut un long soupir.
Puis, avec une petite moue sacrifia la dernière pépite qu’il lui
restait.
- Tiens, prends donc ça
et rentre chez toi… Je suis désolé de t’importuner de la sorte… Ma
place n’est pas ici en ce moment et je vais rejoindre Belokan et ses
invités…
Fut-ce de la gratitude
que le jeune homme pu lire l’espace d’un instant dans les yeux du
tavernier ? Il ne le savait pas, et, toujours gêné par ce genre de
moment, fit un geste de la main comme seul adieu et rentra de nouveau
dans la salle de bal. Il était parti depuis quelques temps mais le bal
n’avait toujours pas commencé, fronçant les sourcils il en déduisit que
les accords entendus plus tôt n’étaient que ceux des musiciens en train
d’accorder leurs instruments. Il haussa les épaules et rejoignit sans
mot dire et sans pensée aucune le fond de la salle qu’il n’aurait, en
fait, jamais du quitter.