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Adraylia
10 mars 2006

Pour un regard (27)

Par Niabea

Adwyr… Dans sa torpeur le jeune homme n’avait pas pu qu’entrevoir la beauté des lieux dans lesquels vivait son amour. Il sentait le froid le mordre tandis qu’apparaissaient les contreforts du domaine d’Adraylia. Il sentit à peine que la licorne s’était arrêtée, et, relevant la tête, faillit tomber à terre tandis que la jeune femme le tirait vigoureusement par la main. Au contact de cette dernière il sentit une douce chaleur l’envahir, et, sans chercher à comprendre se laissa entraîner jusqu’à ce qui semblait être la cuisine. Là il fit la rencontre, certes brève, d’un dénommé Hargyd, à qui, si les brumes de son esprit ne le trompaient pas, il devrait – mais pour quelle raisons ? – rendre bientôt visite.


- Nous reviendrons, et cette fois Niabea passera une journée entière dans ta cuisine, promis !


Il fit un geste de la main, un timide sourire aux lèvres puis se rendit compte que sa compagne avait déjà commencé à quitter les lieux. Il se précipita à sa suite, ne sachant pas quoi dire ni quoi faire. Mais où diable l’emmenait-elle ? Tandis qu’ils entraient dans une pièce aux murs recouverts d’armes – l’armurerie ? – il vit la jeune femme s’activer devant lui.Elle lui jeta un regard puis fouillant dans de lourds coffres elle en sortit des affaires sèches et plus chaudes. Bien mieux adaptées à l’environnement que celles que portaient le jeune homme. Le rouge aux joues, gêné par la situation, il se changea rapidement. Durant cet exercice il sentit la douleur revenir, il jeta un regard à son pansement, plus rouge que jamais.


- Ta blessure au bras s'est rouverte. Fais moi plaisir, accepte de rencontrer celui qui me soigne quand il m'arrive de prendre un coup dans un combat.


Il se retourna stupéfait, comme si elle avait lu dans ses pensées et eut un petit sourire, de plus en plus charmé. Il récupéra aussi une lourde cape de lin bleu sur un râtelier et, ainsi vêtu, se sentit bien mieux. Il ceignit son épée à nouveau, réticent malgré tout à la laisser hors d’atteinte en un réflexe qu’il avait acquis durant ces dernières années et se tourna vers elle, un sourire aux lèvres, il était désormais habillé comme un véritable habitant d’Adwyr !


Soudain la tête lui tourna et il du s’asseoir, la fatigue, terrible le reprenait à nouveau, il eut un sourire amer, trop de sang perdu sans doute… Elle vint s’asseoir à ses côtés et, prenant ses mains le regarda dans les yeux. Il crut y voir une certaine tension.


- Fais-moi confiance s'il te plaît. Il te faudra regarder au-delà des apparences. Je resterai avec toi. Et si vraiment...


Il entendit un bruit derrière eux et se figea, elle le regardait toujours, une supplique muette dans le regard.


regard261


- Niabea, je te pré
sente Gherzal. C'est le médecin le plus habile du royaume. Il fait des merveilles sur les blessures par lame.


Lentement, sachant instinctivement que la créature qu’il verrait ne serait pas humaine, le Tisseur se retourna… et fit face à un être curieux, recouvert de fourrure bleu. Ses yeux s’assombrirent un instant, comment pouvait-il ? Comment pouvait-elle ? Il sentit comme un doigt effleuré son esprit. Effaré il repoussa l’intrus, la créature continuait de le regarder sans mot dire. Serrant la garde de son épée de façon inconsciente Niabea fixa l’individu sans sourciller.


- Gherzal… C’est donc vous qui devez me soigner ?

Il avait, volontairement ou non, donné un ton quelque peu tranchant à sa phrase. Il se sentait agressé, presque trahi, et le regard d’Adraylia qu’il sentait pesé sur lui le troublait terriblement. Comment croyait-elle qu’il réagirait ? Celui qu’elle avait présenté comme médecin s’avança, tournant autour du jeune homme, inspectant sa plaie, Niabea ferma les yeux, plus crispé que jamais. Mystra… Que devait-il faire ? « Il te faudra regarder au-delà des apparences… », Il rouvrit les yeux, au-delà des apparences ? Il tenta, malgré la douleur et la fatigue, de se concentrer sur les présences dans la pièce, et, outre celle d’Adraylia dont l’aura rayonné de milles feux, il vit que la chose ne lui voulait aucun mal. Il soupira, en relâchant son épée.


- Et bien... faîtes votre office…

Sans attendre que le jeune Seigneur ne revienne sur sa décision Gherzal arracha le bandeau, et, par la même occasion un léger gémissement au Tisseur. Puis, malaxant une étrange mixture, recouvrit la plaie d’une chose froide que Niabea ne connaissait pas. Légèrement répugné il ferma à nouveau les yeux et attendit. Après quelques minutes, et un nouveau bandage en place, la créature recula, salua Adraylia et s’éloigna. Tandis que le médecin allait franchir la porte Niabea l’appela.


- Gherzal !

Le Shaman se retourna, sa fourrure miroitant d’un éclat étrange sous les torches.


- … Merci…

Avec une grimace qui devait être un sourire – sans doute – l’être mystérieux quitta les lieux. C’est alors, et seulement alors, que Niabea se rendit compte que la douleur avait totalement disparu et qu’à part une certaine gêne, il avait recouvert une grande partie de la mobilité de son bras. Radieux il se tourna vers Adraylia qui le regardait un petit sourire moqueur au coin des lèvres…


- Au-delà des apparences hein ? Je tâcherais de m’en souvenir.

Elle se leva et il eut un nouveau sourire.


- N’avais-tu pas parlé de me faire visiter ton domaine ?

Il se sentait prêt à visiter toutes les montagnes d’Adwyr à ses côtés, simplement porter sa présence. Pourtant les lieux où il se trouvait l’intriguer fortement, comment, alors que l’été battait son plein, pouvait-il faire aussi froid ? Il ne lui avait pas semblé parcourir tant de chemin depuis la capitale… Cette journée lui réservait décidemment bien des surprises et bien des mystères.

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