voyage en enfer (10)
Par Bauglir
L’ambiance était morne. Bauglir sentait le regard désespéré de Niabea posé sur lui. Il était recroquevillé dans un coin sombre et regardait le sol, toujours accablé de pensées noires.
Bauglir !
La
voix de sa sœur lui fit relever brusquement la tête. Pourquoi était
elle là ? Il ne voulait pas qu’elle assiste à ce spectacle. Mais il
comprit vite qu’elle avait ressentit sa souffrance et ses pensées.
Décidément il ne se ferait jamais à ce don télépathique et à la vitesse
surnaturelle d’Arlong. En tout cas elle était là, devant lui et son
regard laissait transparaître de forts sentiments, subtil mélange de
haine et de tristesse.
C’est alors que la voix du dragon
s’éleva et ses paroles figèrent Bauglir. Ses yeux allaient désormais de
sa sœur à l’être légendaire. C’était impossible. Il mentait, il ne
pouvait que mentir. Tout ce qu’il disait n’était que mensonge. Sa sœur
ne pouvait avoir du sang démoniaque dans les veines. Bauglir calma son
esprit ardent et les pièces du puzzle se mirent en place toutes seules.
Arlong ne mentait pas. D’ailleurs Adraylia commençait à user de ses
pouvoirs qu’elle avait hérités de son père. Quelques lignes de la
lettre qu’avait trouvé Bauglir dans les ruines de la maison de son père
lui revinrent en mémoire.
« Il me faut livrer combat à un démon qui
se trouve à l’autre extrémité de l’île, une prophétie ancienne dit que
seule une femme de mon peuple pourra le vaincre. »
Alaryanne n’avait pas tué le démon…
Bauglir
était tiraillé entre la haine et l’amour. Il avait une haine
incompréhensible contre sa sœur et contre sa mère. Sa mère qui avait
porté cet enfant et sa sœur pour ce qu’elle était. Jamais il ne
pourrait la regarder en face et pourtant… Pourtant il savait qu’il ne
pouvait lui en vouloir. Que ce n’était pas de sa faute et qu’elle
apprenait également ses origines.
Alors qu’elle s’activait à
défaire le maléfice d’Inamé, Bauglir la regardait. Ce n’était qu’une
humaine, rien de plus et elle restait sa sœur. Même s’il s’était juré
de combattre toute forme démoniaque sur ces terres, il ne pouvait en
vouloir à sa sœur et la détester. Il avait même une vague d'affection
pour elle et il se mit à sa place. Il aurait pu d’ailleurs se retrouver
à sa place.
Peu à peu le corps de Bauglir retrouvait forme et
ses tissus se régénéraient rapidement. Pourtant au fur et à mesure
qu’il se réformait son énergie diminuait et il se trouva vite dans
l’impossibilité même de réfléchir. Il s’effondra, tombant dans
l’inconscience.
Sa sœur veillait sur lui. Elle était assise à
coté de lui sur la couche et lui souriait. Mais son expression changea
et dans ses yeux brûlait un feu malfaisant. Puis elle bondit sur lui et
commença à vouloir l’étrangler révélant une dentition faite de crocs.
Et tout en l’étouffant elle rigolait d’un rire profond et lugubre.
Bauglir se dégagea et sortit dans le couloir en courant. Il se retourna
et la porte avait disparut. Derrière lui il entendit le cri de sa sœur
qui l’appelait effrayée. Il fit volte face et vit Adraylia se faire
traîner par les cheveux par une créature démoniaque. Le seigneur pris
son épée et commença à courir vers elle mais plus il avançait plus elle
s’éloignait, emportée par le démon.
Espèce d’enflure ! Mange ça !
Ça
s’était la voix de Niabea. Que venait il faire là. C’est alors que
Bauglir prit conscience qu’il était en train de rêver. Le son d’une
lame pénétrant dans de la chair et un hurlement monstrueux d’agonie
parvint a ses oreilles. Ce qui le sortit de sa torpeur. Il ouvrit les
yeux et sentit la chaleur douce du soleil sur son visage. Il entendit
le tisseur rire. Un rire fou. Oui il y avait de la démence dans son
rire. Quand une patte écailleuse se posa sur le sol à coté de la tête
de Bauglir, il se réveilla vraiment et prit conscience de la situation.
Il tourna son visage et vit son glaive.
Il roula pour
l’atteindre et se releva. Sa tête tournait. Il lui fallut quelques
secondes pour avoir un équilibre stable. Puis il s’approcha d’un
premier démon. Celui-ci se retourna et prit un air étonné en voyant le
seigneur du Sommerlund debout. Il n’eut pas le temps de prévenir les
autres que déjà il s’écroulait dans un étrange gargouillis.
Niabea
se tenait l’épaule et frappait frénétiquement. Il était blessé et
Bauglir sentait que ses forces diminuait au fil du temps. Il se lança
dans la mêlée et trancha la tête d’une sorte de lézard. Les démons
prirent conscience de la présence de Bauglir. Une partie se tourna donc
vers lui. Il fallait agir vite, Niabea ne tiendrait plus longtemps.
Une
griffe passa à quelques centimètres du visage du jeune homme. Celui-ci
fit un quart de tour et frappa le crâne chitineux de la créature qui
éclata. Puis une salamandre de feu armée d’un trident l’engagea.
C’était un des démons les plus craints pourtant Bauglir ne chercha pas
à fuir et prit son adversaire de vitesse en lui plongeant dessus et
enfonçant son glaive jusqu'à la garde dans le corps mou de son
adversaire. Celui-ci hurla et frappa le seigneur de sa main, l’envoyant
rouler au sol. Les poumons de Bauglir étaient en feu et le coup l’avait
à moitié assommé mais il savait que s’il restait au sol s’en était
fini. Il se releva précipitamment et regarda la Salamandre retirer son
arme et s’écrouler, succombant à la douleur. Deux autres ennemis se
présentèrent à lui. Des sortes de goules poilues aux membres démesurés
et aux yeux cousus par des fils noirs. De la bave ressemblant plus à du
pu coulait sur le rebord de leurs bouches sans lèvres. Aveugles ils
s’avançaient boitillant en fouettant l’air furieusement de leurs
griffes. Bauglir resta un instant sans bouger, écoeuré par les
créatures. Puis il fit un pas en arrière avant de sauter entre les deux
ennemis. Ceux-ci mirent du temps pour se rendre compte que leur
adversaire se trouvait derrière. Le frère d’adraylia sauta par-dessus
le cadavre de la salamandre et voulu reprendre son glaive mais un démon
s’interposa. Il était vaguement humain et Bauglir lui mit un violent
coup de pied dans l’entre jambe. Gagné ! Le démon tomba à genoux se
tenant à l’endroit touché. Bauglir eut tout le temps de ramasser son
arme et de lui traverser le corps.
Les deux goules revenaient
à la charge. Bauglir s’avança vers eux faisant tourner sa lame. Il
parât le premier coup et l’acier entra en contact avec les griffes.
Puis de sa deuxième main il immobilisa l’autre bras du monstre. Son
confrère arrivant lentement mais sûrement il fallait vite en finir. Il
repoussa son ennemi du pied et enchaîna un coup qui trancha net le haut
du crâne. La goule tomba dans un bruit mat, sa cervelle putréfiée se
répandant au sol. Enfin Bauglir engagea la deuxième. Celle-ci donna un
violent coup et le seigneur se fit un pas en arrière pour éviter
l’assaut. Mais le monstre réussis à lui entailler la poitrine. Pris
d’une rage froide, Bauglir trancha le premier bras puis le deuxième
avant d’enfoncer la lame dans la poitrine.
Niabea hurla et le
Bauglir se retourna vers lui Il ne restait que trois démons debout mais
il se trouvait désarmé et reculait devant ses assaillant. Le frère
d’Adraylia se jeta en avant en criant ce qui fit s’arrêter les trois
démons. Dans sa course il en faucha un premier puis releva son glaive
qui partit droit vers le crâne du deuxième. Pourtant il était arrivé
trop vite et il ne put stopper sa course. Il lâcha malencontreusement
son glaive qui resta planté dans la tête de son adversaire et tomba
suite à un croche-pied du dernier démon. Celui-ci s’approchait
maintenant de Bauglir levant une hache enflammée. Il abattit son arme
droit vers la poitrine du seigneur.
Et s’affala sur lui
laissant apparaître Niabea qui l’avait froidement abattu. Le cadavre
sentait mauvais et Bauglir se dégagea rapidement. Le seigneur jugea
rapidement le lieu de la bataille. Il n’arrivait pas à croire qu’ils
avaient fait un tel carnage. Peut à peut les morts se consumèrent et
bientôt tout redevint normal. Bauglir se laissa tombé assis contre un
mur. Tous ses membres lui faisaient affreusement mal. Il regardait le
chevalier qui était un peu en retrait. Il eut de la peine pour lui et
savait quel dilemme se posait à lui.