Sombres desseins (79)
… tu le sais tout comme moi…
"Je suis ton sang, par ton sang tu périras !"
Il
avait fallu que cette vision précise de son propre passé s'impose à
elle juste à ce moment, se superposant aux mots de Niabea… oui… oui
bien sûr, elle savait qu'il ne pouvait en être autrement. Cette
Merwbrylla il l'affronterait et la vaincrait seul - du moins
physiquement seul car d'un simple regard elle lui fit comprendre qu'un
atout de poids l'accompagnerait dans ce combat, appelons-le amour, foi
ou simplement lien, à défaut de mot plus approprié.
Déjà il
s'éloignait à pas vifs vers son destin, se retournant juste avant de
disparaître de leur champ de vision sur une de ces pirouettes dont il
avait le secret : - Oh... Adraylia ! J'avais presque oublié... Fais moi penser à te demander ta main tout à l'heure !
C'est mentalement qu'elle lui envoya un ultime rappel : N'oubliez
pas, Chevalier, ces mots qu'un jour déjà lointain vous couchâtes dans
une missive : "jamais je n'oserais périr sans au préalable vous en
demander l'autorisation" Vous ne l'avez pas ! ... A tout à l'heure mon
amour !
Puis elle s'accroupit
pour serrer dans ses bras une Lälwina au bord de l'épuisement qui
luttait bravement pour présenter un regard presque confiant, lui
murmurant à l'oreille quelques paroles rassurantes. Leur répit, si l'on
peut appeler ainsi ces quelques minutes du vide laissé par le départ de
Niabea, fut de courte durée.
Comme surgie de nulle part, une créature fondit sur Adraylia, lui projetant par surprise un liquide (du venin ?)
dans les yeux, l'aveuglant momentanément. Impossible d'utiliser ses
pouvoirs dans ces circonstances. Elle avait juste eu le temps
d'apercevoir une ombre se saisir de la fillette.
- Lälwina, protège-toi !
Pourvu que l'enfant l'écoute, qu'elle ne s'affaiblisse pas à tenter de
porter des coups, éviter ceux de son assaillant le temps qu'elle se
débarrasse du sien ou que l'archange lui vienne en aide userait déjà
bien assez l'énergie qui lui restait !
Les paupières closes,
concentrée au maximum pour repérer les déplacements et prévenir les
coups de son adversaire, la jeune femme jouait du poignard et de l'épée
avec une étonnante habileté pour une personne privée de la vue (elle
remercia mentalement Amalric, maître d'armes de sa jeunesse, pour ces
entraînements dans le noir contre lesquels elle avait tant pesté à
l'époque). Son assaillant en fit les frais dès le tout début du combat,
ayant visiblement compté sur l'aveuglement de sa proie pour en venir à
bout facilement, il s'était tenu trop près, bien trop près de la
guerrière qui après lui avoir porté plusieurs coups qui auraient été
mortels à eux seuls pour un non déjà mort, força le vampire à reculer,
le poussant droit vers un des nombreux brasiers environnants.
- Brûle, charogne… c'est ton dernier combat, cette fois tu ne te relèveras pas !
Ces mots accompagnaient un geste puissant du bras droit, la longue épée qui le prolongeait transperçant presque de part en part le corps du vampire, le propulsant au cœur des flammes.
Vite, aller au secours de Lälwina maintenant !