voyage en enfer (2)

Par Niabea

- Prends ça !

La lame bénie du Tisseur s’enfonça dans la chaire putréfiée du nécromancien, avec une dernière malédiction lancée à l’adresse de son adversaire le disciple de l’ombre disparut dans une gerbe de feu. Niabea fit un saut de côté, échappant de peu aux flammes destructrices. Il fit quelques pas et s’arrêta pour se reposer, cet affrontement l’avait fatigué bien plus qu’il ne l’avait cru. Assis sur une pierre tombale il reprit doucement son souffle. Autours de lui, éparpillés sur une cinquantaine de mètres, les corps putréfiés de goules, liches et autres abominations qu’il avait renvoyé en enfer. Ces derniers se faisaient toujours plus nombreux actuellement et les Chevaliers de Mystra étaient obligés de lutter jour et nuit pour stopper leurs progressions. D’un geste devenu une habitude il essuya sa lame. Ses yeux se portèrent dans le lointain. Beaucoup de choses changeaient en Ekarys ces derniers temps… Oui, beaucoup… De fiers empires avaient été vaincus tandis que des guerres sans fin ravageaient les royaumes. Une sombre force était à l’origine de tout ceci, le jeune homme le pressentait diffusément, mais il n’arrivait pas à en discerner la nature exacte ni son origine…

- Bon c’en est fini pour ce soir…

Un bruit de pas et il s’arrêta subitement. Une cinquantaine de mètres devant lui deux personnes marchaient, ignorant sa présence. Intrigué, il les suivit, silencieusement, l’épée à la main. L’une des deux personnes semblaient être une femme d’une grande beauté, mais c’était la deuxième qui intriguait le jeune Tisseur… Sa démarche ne lui était pas inconnue… Soudain les deux inconnus s’arrêtèrent près d’un tumulus et, sans hésitation la femme entra. L’homme, quand à lui, alluma une torche, et, l’espace d’un instant, Niabea pu voir son visage.

- … Bauglir ?

Que faisait le Seigneur de Sommerlund si loin de ses terres ? Et en de pareils lieux ? Tout ceci cachait, le jeune homme en était certain, un bien sinistre mystère. Aussi, faisant luire son épée pour qu’elle produise un peu de lumière, il entra à la suite de Bauglir et de la jeune femme. Au détour d’un tournant de l’escalier qui s’enfonçait dans les entrailles de la terre, Niabea cacha précipitamment sa lame. Devant lui, dans la salle principale, demeure des défunts, il vit la jeune femme quitter sa cape. Il retint un cri de stupeur, celle qu’il avait prise initialement pour une femme était en fait un succube, démon voué aux plaisirs charnels, que faisait le frère d’Adraylia ici et avec une telle compagnie ?

La créature démoniaque traçait au sol un cercle de puissance que Niabea connaissait bien… Il servait aux démons à rejoindre le monde des vivants, ou, accessoirement, à en revenir. Comme il l’avait deviné une trappe magique s’ouvrit dans laquelle le succube s’engouffra. Après quelques instants Bauglir la suivit malgré les prières muettes du Tisseur, mais, alors que la porte des enfers aurait du se refermer immédiatement, elle resta ouverte et, intrigué, Niabea s’avança.

- … Que dois-je faire ?

Il ne savait que trop où menait ce passage… Mais que devait-il faire ? Les suivre ? L’idée lui parut folle. En enfer ? Tiens donc ! Autant aller se taillader les veines par des eskannites ! Il s’assit à côté de l’ouverture, les yeux plongés dans l’obscurité magique, en proie aux plus violentes contradictions, il ne pouvait pas non plus laisser mourir ainsi un être humain, qui plus est d’une manière aussi horrible. L’ombre devant lui sembla agiter de remous et, intrigué, le Tisseur se pencha. Peut-être un peu trop sans doute, car, perdant l’équilibre il tomba la tête la première dans le passage des enfers. Voila qui réglait au moins ses hésitations…