Pour une Ekarystadt ensoleillée (2)
Adraylia venait à peine de terminer son bref (mais non moins
virulent) appel pour la libération de la capitale, lorsqu'elle entendit
la réponse des carmins... énoncée de cette voix tranquille et
déterminée, si familière aux oreilles de la guerrière qui pourtant ne
l'avait plus entendue depuis... trop longtemps...
Walderick, son
ami, le frère d'armes au côté duquel elle avait combattu pendant de
longues années, pour une Ekarys libre... Ironie du sort, au nom de
cette même liberté, ils se retrouveraient désormais face à face... et
même dans ces conditions, c'est l'ami plein d'attentions qu'elle
retrouvait, quelques mots murmurés, un geste d'une tendresse
fraternelle...
Mais déjà la place s'agitait, des personnes allaient, venaient, des voix s'élevaient, une hache volait. (une hache ? !)
...
un homme paraissait scandalisé à la lecture du parchemin punaisé par
Higan... n'était-ce pas le violoniste qui avait si récemment donné un
concerto sur cette même place ? Adraylia se demandait en quoi la
libération de la ville pouvait ainsi susciter autant de colère chez un
musicien. Il semblait trouver préférable que la capitale de l'île soit
la propriété exclusive de la Mort Carmin...
Alors qu'en
pareilles circonstances, la plupart des personnes se rapprochaient de
leurs alliés, Adraylia quant à elle parcourut les trois pas qui la
séparaient de Walderick, s'accoudant au même mur que lui. Ignorant la
hache plantée à ses pieds, laissant quelques minutes de côté cette
guerre qu'elle venait de relancer et qui les plaçait face à face, elle
s'adressait avant tout à l'ami qu'elle retrouvait après l'avoir si
longtemps perdu de vue :
Adenis et toi partez en voyage pour l'île d'Azkenor, me dis-tu ? Je me souviens bien de ton apprentie, Windya... et ton fils s'est lui aussi installé là-bas. Comme le temps passe, je revois encore l'arrivée d'Adenir pour la première fois au quartier GO...
et
autres nouvelles du filleul qui avait quitté l'île, la nièce d'untel
mariée l'été dernier, bidule qui venait de donner le jour à des
triplés... tous ces menus potins que s'échangent ceux qui ne se sont
vus depuis plusieurs mois ou années...
Puis ils se séparèrent sur ces derniers mots :
... ainsi donc ce n'est pas une légende... les drapeaux Carmins sont teintés avec le sang des ennemis tombés au combat. En Adwyr nous utilisons comme teinture de l'extrait de framboises. Mais tu peux rassurer tes compagnes et compagnons d'armes, ce n'est pas le cuisinier qui les accueillera aux portes du royaume, mais bien mon armée au grand complet. Quelle que doive être l'issue de ce conflit, jusqu'à mon dernier souffle je combattrai pour qu'Ekarystadt redevienne la cité libre qu'elle était, capitale de tous les Ekaryssiens et non ville aux mains des Carmins.