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Adraylia
24 septembre 2006

Voyage en enfer (12)

Par Niabea

Cela faisait quelques temps déjà, plusieurs heures même pour dire vrai que Niabea ne comprenait plus grand-chose aux événements. Cette journée avait été tellement étrange, et encore il ne parlait pas de la nuit précédente, qu’il lui semblait désormais évoluer dans une sorte de demie conscience. Il avait à peine refait surface lorsque les loups avaient fait leur apparition, et il lui avait bien semblé reconnaître une louve blanche, dénommée Ysa, qu’il avait rencontré autrefois, il y avait de cela plusieurs mois déjà en Adwyr. Mais Bauglir avait pris son étonnement pour de la crainte et avait voulu, Niabea était persuadé que cela lui faisait de plus plaisir, le rassurer. Cela avait au moins eu le mérite de faire sourire le jeune Tisseur, c’était bien là une des caractéristiques du Seigneur de Sommerlund… cette envie perpétuelle de se montrer. Mais après tout… après les récents événements il ne faisait guère de doutes que l’homme n’était pas si… invincible qu’il voulait bien le laisser paraître.


- Enfin l’histoire est belle… Mais à le suivre j’ai encore perdu un bon cheval et me voila dans une masure miteuse… à écouter, de loin, les élucubrations d’un vieillard sénile…


Il soupira et reposa sa tête contre le mur. Une sale odeur, ressemblant fortement à celle d’un chien mouillé, se dégageait du récipient placé sur le feu. Les sourcils du jeune homme se froncèrent et il laissa échapper un petit grognement. Si cela était supposé être leur repas… et bien il jeûnerait, car ce truc en train de cuire… Niabea n’était pas vraiment persuadé que son estomac puisse le supporter… Des fourmis dans ses jambes, il se leva et fit quelques pas. Dans un coin de la pièce Bauglir et cette étrange personne continuaient à discuter, cela faisait bien longtemps que Niabea avait perdu le fil de la conversation, il jeta juste un coup d’œil et haussa les épaules : Bauglir était en train de soulever des cailloux, usant sans doute de ses mystérieux pouvoirs. Une petite envie de s’amuser effleura l’esprit du tisseur et, de façon imperceptible il se concentra à son tour, perturbant le petit exercice de son « ami ».


- Hum ?


Cela fut si rapide que Niabea n’eut pas le loisir d’esquiver. Métrio’da avait à peine levé la main que l’un des cailloux était venu percuter violemment le jeune homme à l’épaule.


- Outch ! Non mais ça ne va pas ? Vieux fou !


Tout en se massant l’épaule il décida sagement de sortir dehors suite à un dernier regard légèrement menaçant de leur hôte. Décidemment il n’avait jamais aimé tous ces magiciens, des êtes à la foi étrange et légèrement… imprévisibles. Surtout que celui-ci n’était pas seulement vieux… mais aussi totalement fripé, tel un lézard.


- Mais alors une vraie momie de lézard !


Et satisfait de sa petite phrase il pouffa. Et s’arrêta de nouveau très rapidement au contact d’un nouveau caillou lancé par la fenêtre. Il poussa un nouveau cri de douleur tandis qu’une voix retentissait de l’intérieur.


- Quand 800 ans comme moi tu auras moins fringuant tu seras…


Mais… Par Mystra ce vieux débris… euh… ce vénérable magicien, lisait aussi dans les pensées ! Totalement dépité, Niabea s’écarta légèrement du campement. Et, comme il lui fallait passer le temps… décida à son tour de soulever des pierres par la pensée. L’exercice l’amusa pendant quelques heures jusqu’aux heures les plus sombres de la nuit et s’avéra bien plus fatiguant qu’il ne l’aurait cru. Aussi, alors qu’il s’attaquait à une roche de grande taille son esprit céda et il faillit être écrasé. Il n’eut que le temps de s’écarter pour laisser choir la pierre. Il transpirait et haletait, une sueur froide coulant dans son dos… il avait bien failli y passer… et de quelle manière particulièrement ridicule ! C’est dans ce contexte tendu qu’une voix fit son apparition dans son dos.


- Un échec… Essayer tu ne dois pas ! Car tu ne crois pas en ce que tu fais…


Décidemment il passait là les bornes et, le plus calmement et gentiment du monde, Niabea se leva, remit sa cape, et, d’un geste expert, botta joyeusement le train du vieillard avant de l’enfermer dans la remise non sans lui avoir administrer un calmant… radical. Au moins il n’entendrait pas parler de lui avant le lendemain. Il rentra à l’intérieur, Bauglir dormait déjà, et, quelques instants plus tard le jeune Tisseur le rejoignait dans le royaume des rêves. Il passa une nuit excellente, reposante à souhait, et lorsque Bauglir vint le réveiller à l’aube, il eut un grand sourire.


- Tu cherches Métrio’da ?


Il bailla tout en s’étirant consciencieusement.


- Je ne l’ai pas vu depuis hier soir…


Après d’infructueuses recherches dans lesquelles il ne s’impliqua ma foi que fort peu Niabea alla taper d’un air contrit l’épaule de Bauglir.


- Allons nous devons y aller… Il sera sans doute aller récolter des racines pour son futur repas… Nous n’avons pas de temps à perdre et tu auras toujours l’occasion de revenir en ces lieux… plus tard (et sans moi…)


Aussi ils repartirent, à pieds, vers le royaume d’Adwyr qui les attendait de l’autre côté de cette montagne. Après plusieurs de marche harassante ils parvinrent aux pieds de la montagne. Aux abords d’une petite route au sol usé par les roues des chariots de marchandises.


- Nous sommes en Adwyr…


Sans blague pensa Niabea avec un petit soupir. Mais au moins avait-il retrouvé la civilisation et avec elle…


- Un convoi !


Un grand sourire apparut sur le visage du jeune homme et il courut vers les marchands. Quelques instants après, et surtout quelques pièces plus tard, Niabea revint vers Bauglir.


- Ils acceptent de nous mener à Adraylia !


Le seigneur de Sommerlund regarda les charrettes, puis Niabea, puis les charrettes et de nouveau Niabea.


- Tu crois vraiment que je vais grimper dans ca ?!


Niabea soupira à nouveau, cela devenait une habitude en ce moment, et, en haussant les épaules, une autre habitude, eut cette petite phrase.


- Et bien désolé… Mais pour ma part je commence à en avoir quelque peu marre d’user mes bottes sur des sentiers de montagnes… aussi tu m’excuseras !


Et, sans attendre de réponses il prit place dans le véhicule de tête. Dans l’opération il faillit tomber mais, après un redressement plus chanceux que spectaculaire il eut un grand rire et, levant le poing vers le ciel cria au vent.


- Vers Adwyr !


Et, tandis que Bauglir prenait place dans le véhicule des bohémiennes, on se refait pas que voulez vous, tout ce petit monde se rapprochait lentement mais sûrement d’Adraylia.

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