Sombres desseins (62)
Par Tillian
Tillian regarda les hommes du seigneur Niabea tomber comme des mouches
lorsque le regard de ce dernier croisa celui de son ennemie. Le voleur
ne bougea pas d'un pouce, il lui suffit de voir le début de mouvement
de la vampire pour comprendre qu'elle désirait prendre la vie du
Tisseur de ses propres mains. Ce dernier malgré les provocations de son
adversaire ne fit que subir le combat du début à la fin. Or cette fin
ne convint pas du tout à la vampire qui espérait pouvoir tuer une proie
totalement désespérer.. et non pas résigner à la mort. Tillian prêta
une oreille très attentive à ce qu'elle disait pour comprendre un peu
la situation et lorsqu'elle laissa le pauvre Niabea hurlant son nom le
jeune voleur sauta du toit où il se trouvait et vint s'asseoir
calmement, sans précipitation au côté du bléssé.
Tu la laisses partir ?
Son interlocuteur ne remarqua sa présense qu'une fois qu'il eut terminé de crier et de jurer le nom maudit de Merwbrylla.
Ce n'est pas en criant qu'elle reviendra. Et puis de toute façon ton combat était perdu depuis le début...
Il sentit un regard haineux se poser sur lui.
D'après ce que j'ai pu entendre durant votre conversation... disons hum... virulente, tu aurais abandonné des colons de ton peuple lorsque ceux-ci ont fais face à une terrible catastrophe sur la terre nouvelle que tu espérais coloniser. Je suis d'accord avec ce que tu penses... tu aurais vraiment du aller les sauver, comme ça tu serais mort, jamais ton peuple que tu protège ici n'aurait vécu ces années de bonheur, jamais tu n'aurais connu l'élue de ton cœur, jamais tu n'aurais ta fille adoptive et donc jamais tu n'aurais pu profiter de tout le bonheur que tu as connu jusqu'à maintenant. Mais bien entendu tu serais mort en héros.
Un regard d'incompréhension le fixait maintenant.
En fait pour être honnête... tu es un abruti. Sous prétexte que tout est de ta faute tu vas laisser mourir ton aimée et ta fille. C'est bête quand même non ? Tu a laissé ton désespoir prendre le dessus et maintenant en plus d'avoir perdu une partie de ton peuple il y a de cela bien longtemps, tu vas perdre le bonheur que tu as réussi malgré tout à reconstruire depuis ce terrible évènement.
Tillian éclata de rire et se ferma aussi soudainement. Il attrapa Niabea par le col et colla son museau à son visage.
Maintenant
écoutes moi bien ! Tu vois ma tête ? Bouh qu'elle est laide, n'est ce
pas ? C'est la première chose que je me suis dit quand je me suis vu
dans un miroir. J'étais déprimé et j'ai commencé à rater toutes les
missions plus ou moins honnêtes qui m'étaient confiés. Et un jour une
petite fille qui m'a retrouvé complétement saoul une nuit et venu me
voir et m'a dit tout simplement : "Pourquoi ne souris-tu jamais ? Je te
vois souvent et tu as le visage sombre. Tu me fais peur et pourtant
quand je pense à toi le soir, j'essai de t'imaginer heureux... et à ce
moment ton visage s'adoucit et tu ne ressemble plus du tout au monstre
qui rôde parfois autour de la ville."
Cette petite, je ne l'ai
jamais revu, elle est morte le lendemain matin, assassiné. J'ai alors
commencé à me poser des questions, et pour elle j'ai tenté de retrouver
le sourire. Alors certes mon visage, ou plutôt mon museau ne changera
surement plus jamais, mais j'ai vu ce que je considérais être mon
malheur sous un autre angle et je me suis dit que c'est grâce à l'être
qui est en moi et qui est la cause de mon apparence que j'avais pu
vivre aussi longtemps et avoir tant de moment de bonheur.
Donc
maintenant tu as le choix : soit tu décides de tout abandonner et de
vivre dans le passé dans quel cas je te laisse mourir ici à petit feu,
soit tu choisis de continuer à vivre avec ceux que tu aimes en
relativisant ton passé, dans lequel cas je suis prêt à t'aider.
Il relâcha son étreinte du col du tisseur.