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Adraylia
18 février 2007

des bananes dans la neige

(à la taverne oubliée)

Ces derniers mois, Adraylia avait passé le plus clair de son temps en Adwyr, à l'écart du reste du monde comme du vivant du roi Audryg, son père adoptif. Le temps s'écoulait, rythmé par les visites régulières de Lälwina, la fillette et la guerrière chevauchant ensemble pendant des heures, alternant balades au pas à travers bois et galops grisants sur les pentes enneigées. Difficile de dire dans ces moments-là laquelle des deux avait l'humeur la plus folâtre… La jeune femme aurait été totalement épanouie si elle avait pu profiter plus souvent de la présence de Niabea. Son compagnon lui manquait, très pris par les affaires de sa guilde et le service de Mystra. De fait, ils passaient rarement plus d'une ou deux nuits par semaine ensemble (merci Arlong !).

N'ayant que très peu de tentatives d'intrusions en son royaume à repousser et guère de voisins à visiter, une fois n'est pas coutume, la jeune femme s'était tournée vers tout autre chose que les armes pour s'occuper lorsque Lälw repartait pour Cadrienia… S'étant laissée prendre à ce qui n'était au départ qu'un jeu, elle y avait récemment dépensé tant d'énergie, passé tellement de temps qu'elle se sentait coupable de s'être ainsi coupée du monde, ou presque, pour cette activité inattendue et inhabituelle. Personne n'avait été mis au courant, et aucun de ses amis, même les plus proches, n'aurait pu deviner qu'elle s'était prise d'une véritable passion pour…

- Hoooo ! tu avances ou tu recules ? Ah ces bonnes femmes… ça veut mener un attelage et ça rêvasse en plein milieu du croisement de deux ruelles - eh retourne donc devant tes fourneaux préparer des quiches aux... grlll


Passant du rouge (mélange de vinasse et de colère charretière) à l'olivâtre (couardise teintée de surprise, assortie d'un rien de respiration retenue) en sentant la lame du poignard de la "bonne femme" appuyée à la base du cou, alors qu'il n'avait pas eu le temps de la voir esquisser un mouvement, le bonhomme ne semblait soudainement plus très pressé de terminer sa phrase…


- Si vous pouviez avoir l'obligeance d'avancer votre véhicule, il me serait sans doute possible de m'engager dans cette ruelle, afin de décharger ma cargaison à la taverne…

C'est ainsi qu'Adraylia pénétra dans la taverne oubliée par la porte de service, tombant nez à nez avec Célébrindal qui descendait visiblement d'une des chambres à l'étage. Le moment était venu de mettre son amie au courant…


- Ah Célé, j'espérais te trouver ici. Il faut que je t'avoue… mais crois-moi, jamais je n'aurais pensé que ça me mènerait aussi loin… tout a commencé à cause d'un de mes bataillonnaires trolls au retour d'une petite visite amicale en Kaminoi, tu comprends, après le combat il a emmené un simple échantillon, un souvenir, enfin ça se fait, tu sais… Oh sois assurée que je ne compte pas me lancer dans un commerce d'envergure, mais… enfin… c'est qu'il faut bien en faire quelque chose, maintenant... D'ailleurs, j'ai pensé à en envoyer une caisse à Belo, pour voir s'il pourrait éventuellement en proposer pour accompagner son jus de framboises


le rouge monta aux joues de la jeune guerrière

…j'ai signé la missive de notre part à toutes les deux… Cette opération me paraît lucrative, aussi il saura apprécier notre cadeau exquis… J'en suis persuadée… surtout que tu es sa miss framboises préférée ! C'est qu'il y en a des tonnes… des tonnes ! tu imagines ça ?


Devant l'air d'incompréhension totale de son amie, Adraylia se rendit bien compte qu'elle n'imaginait rien du tout… Se sentant un peu coupable de trahison envers son amie qui était la Miss Framboises de l'île, et également envers son associé frambosicoteur (bien que jamais ô grand jamais il n'eût été question entre eux d'exclusivité, non non !), elle avait parlé bien trop vite et de façon tellement embrouillée que Célé n'avait même pas compris de quoi il retournait. Elle l'entraîna donc à l'extérieur du bâtiment et, soulevant la toile lui dévoila sa cargaison.

- mais ce sont des…


Elle sourit de l'ébahissement de son amie

- des bananes, oui ! Tu te rends compte qu'il s'agit là de la production Adwyrienne ? Et dire que j'ai toujours cru que rien ne pourrait pousser sur ces terres enneigées… des bananes, fruits du soleil… dans mes montagnes !


Dans les yeux violets de la jeune femme, brillait une flemme de fierté, pour un peu, montrer ainsi le fruit de ses récoltes l'aurait rendue euphorique ! (des récoltes chez Adraylia, imaginez donc ! inimaginable en effet !)

Les bras chargés, elle passa cette fois par la porte principale (celle qui grince tant) et les deux personnes qu'elle aperçut dans la salle firent apparaître un franc sourire sur son visage - il ne faudrait plus qu'elle reste si longtemps absente de la capitale !



Rédigé dans le cadre de l'Oulipipo - réf Eka.21

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