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Adraylia
23 février 2006

Pour un regard (18)

Au fur et à mesure que l'homme aux cheveux clairs lui parlait, les éléments s'étaient déchaînés - comme sous l'effet d'un sort jeté par quelque apprenti démon. Mais si la jeune femme en prenait conscience, enregistrant chaque parcelle de cette scène à jamais dans sa mémoire, elle demeurait sans réaction. Buvant les paroles de cet homme qu'elle aimait plus que tout - elle ne pouvait continuer à se mentir plus longtemps sur ses sentiments - elle était cependant incapable du moindre geste.

Ce ne fut qu'au moment où il referma ses bras autour de son corps inerte qu'elle se sentit revivre, réchauffée par ce sentiment si fort qu'ils partageaient.

Rejetant au loin toute objection, elle se laissa enfin aller contre lui sans retenue, la tête enfouie au creux de son épaule. La pluie pouvait bien tomber, ni l'un ni l'autre ne s'en souciait. Combien de temps restèrent-ils ainsi ? C'est le frottement d'un museau contre sa cuisse qui mit fin à leur étreinte...

Ysa ? que fais-tu ici, ma belle ?


Le soleil était revenu sur la petite clairière.

Adraylia adressa au chevalier un regard empli de cet amour enfin révélé (pouvait-on réellement voir des étoiles d'or dans ses yeux lorsqu'elle était heureuse comme le lui avaient fait remarquer quelques amis ?). Puis elle lui prit la main et l'entraîna silencieusement vers la forêt. La louve marchait à leur côté, semblant partager leur bonheur. Il y aurait bien des choses à dire encore, bien des questions à poser, mais elle se tut, désireuse de prolonger autant que possible cet instant magique...

Cheminer côte à côte comme un couple ordinaire était tellement agréable !

Et pourtant tant de petites phrases revenaient envahir son esprit, insistantes :
"ce que tu étais ne détermine pas ce que tu es aujourd’hui…" ... elle savait au contraire qu'elle porterait toute sa vie la marque de sa naissance et de cette enfance oubliée...
"ce n'est pas un homme ordinaire"... certes, mais encore ?
"je n’ignore presque rien de ta nature depuis que tu m’as confié cette arme" Qu'avait-il vu ou deviné exactement ? Avait-il réellement une idée de l'hérédité contradictoire léguée par chacun des ses parents ?
"ce prêtre de Mystra" Devraient-ils garder leurs sentiments secrets aux yeux de tous ? Ne plus jamais se revoir ?
...

S'avouer enfin à eux-mêmes leurs sentiments les avait tous deux soulagés sur l'instant, un grand bonheur les avait envahis, certes, mais les obstacles subsistaient et, les minutes passant, apparaissaient à la jeune femme de plus en plus insurmontables.

La question franchit finalement ses lèvres :

quelle place peut donc avoir l'amour dans ta vie de prêtre au service de la déesse Mystra ?

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