au bosquet de Saoriandra

Le tavernier paraissait décontenancé par les propos de la jeune femme. Résultat, il restait planté bras ballants sur le pas de la porte au lieu de décharger la marchandise. Adraylia se résolut à lui mettre dans les bras le tonnelet d'eau de vie, dans l'espoir qu'il vienne ensuite chercher de lui même le très lourd fût de cervoise.

Se retournant vivement vers le charriot pour se saisir du tonnelet, elle se trouva face à... lui, qui faisait le pitre, singeant les gens de cours dont ils s'étaient si souvent moqués ensemble. A peine le temps d'un sourire et elle se retrouva dans les bras de cet homme qui représentait tant pour elle depuis... depuis qu'elle l'avait rencontré grâce aux framboises.

- Qu'il est bon d'enfin te retrouver...

Elle lui prit les deux mains dans les siennes et plongea dans ses yeux, se laissant aspirer par son regard qui en disait plus long que mille mots...

- Oh là ! les charriots de livraison c'est à l'arrière ! Z'avez point vu l'écriteau ? Faites place ! J'ai une cargaison pour le forgeron et le gosier sec !

A regret, Adraylia s'écarta de Niabea et, sortant un gobelet de sous la bâche le remplit de cervoise avant de le tendre au livreur avec un petit sourire, ça lui permettrait peut-être de patienter le temps de décharger quelques bouteilles, elle n'avait aucune envie de faire faire demi-tour à ses chevaux !