Nouvelle vie (14)
Par Lälwina
Un bruit proche, dans le bock à côté…
Lälwina se figea, attentive aux bruits présents dans l’écurie. Elle ne
reconnut ni le pas lourd du palefrenier ni celui d’aucun des garçons
d’écurie qu’elle connaissait. Sans se faire voir elle leva les yeux au
dessus de la rambarde de bois afin d’épier les mouvements dans l’allée
centrale. Rien, personne. Elle resta accroupie. C’était bien du bock
voisin que provenaient ses bruits. Sans faire de bruit elle s’accroupit
et resta silencieuse, ses sens en alerte cherchant à capter la moindre
information.
Elle entendit le bruit de la porte de bois que l’on
referme et jeta un regard à travers les interstices du bois. Et vit
qu’un cheval au poil blanc rutilant, elle se déplaça sur la gauche et
vit la tête de l’animal. Elle mit la main devant la bouche pour
s’éviter un petit cri de surprise. Ce n’était pas un cheval, mais une
licorne… Et, à sa connaissance la seule personne qui avait une licorne
était… cette femme.
Mue par un réflexe naturel la fillette se
releva et fixa cette Adraylia du regard. Celle-ci, les yeux perdus dans
la robe de sa monture, brossait cette dernière, sans mot dire, comme
perdue dans ses pensées. Elle ne l’avait pas vu. Lälwina fit le tour
d’Ärsin, et, en silence, rejoignit le bock voisin, elle contourna la
jument et se plaça face à cette femme qui faisait intrusion dans sa vie
d’une manière si violente. Elle attendit patiemment, mais non sans un
certain énervement que cette dernière, enfin, relève les yeux.
- Les hommes sont parfois si bêtes !
Enfin, Adraylia leva les yeux. Aussitôt leurs regards se croisèrent, arrêtant la jeune femme dans son mouvement. Le vert des yeux de Lälwina planté dans l’améthyste du regard d’Adraylia. Cette situation sembla s’éterniser pendant ce qui ne dura en fait que quelques petites secondes avant que Lälwina, enfin, ne lâche un gros soupir. C’était terrible mais elle n’avait pas l’air si méchante cette femme après tout… et puis, elle traitait bien sa licorne … alors…
- Bon… Mon nom à moi c’est Lälwina…
Elle détourna les yeux tandis que sa main se tendait vers la jeune femme en signe de réconciliation. Elle garda les yeux perdus dans le lointain, dieu qu’il était difficile de faire cela…
- Si tu veux je peux te faire visiter les lieux…
Elle tenta un timide sourire vers la jeune femme. Et continua précipitamment.
- … Je connais tout comme ma poche !
Elle fit un clin d’œil à Adraylia, geste qu’elle avait malgré elle volée à son père adoptif.
- … en tout cas bien mieux que lui !