Sombres desseins (47)
Par Valaskü
Il etait tôt, tres tôt...trop tôt. Valaskü dormait encore, un poignard sous sa couverture, un oeil en alerte. on frappa sur la toile tendue de son habitation. Valaskü se retourna dans son sommeil avec un gemissement. On frappa avec plus de conviction.
-Mmmmhhouui....
La voix, chuchotante, se fit entendre:
- Seigneur Valaskü! Nous devons partir...
Valaskü avait reconnu la voix tant haïe du chef des Erronoriens. Il se dressa tout en baillant de toute la force de ses poumons, puis repondit:
- Vous avez interet à ce qu'il y ai une bonne raison...
- Nous ne sommes pas loin d'une ville, et il serait imprudent de nous afficher tout de suite.
Valaskü
entrouvrit la porte de fortune de sa tente, et vit qu'il faisait encore
nuit noire. Maudissant l'Erronorien, il referma les battants de
l'ouverture, enfila une tenue plus digne, et sortit.
Les armées
etaient deja prêtes, et un cheval noir se tenait à la disposition du
seigneur de Gorgoroth, avec à ses côtés un demon de petite taille, que
Valaskü s'etonna de voir si tôt. le personnage s'approcha de Valaskü et
lui confia:
- Sir, nous sommes chanceux, les terres de Cadriena sont toutes proches...
- Tu les as donc trouvées?
l'espion sourit, fier de son exploit, et repondit:
- En effet, Sir... A quelques lieues d'ici à peine. Nous y arriveront demain en soirée si nous avançons vite.
Valaskü hesita un moment, la precipitation n'etant pas toujours facteur de reussite, il le savait bien. Puis l'impatience le prit, comme tout conquerant devant une bataille proche. Il fit marcher ses armées à allure forcée, et lui-même prit place sur son cheval, à trot forcé...
* * *
L'armée
s'etait reveillée aux premieres lueurs du jour, et la marche avait
repris. Leur arrivée etait prevue le soir même, et Valaskü pensait leur
accorder un ou deux jours de repos sur place. La route etait longue,
ennuyante, et l'attrait de certains paysages ne detourna pas Valaskü de
sa morosité. Il songeait à toutes les tactiques de bataille qu'il
connaissait: des centaines. Aurait-il à combattre en ville? Dans ce cas
un siege serait favorable. En plaine? Prendre l'armée ennemie à revers,
et faire charger des soldats d'elite de front. Une bataille rangée? Une
prise en tenaille serait plus simple. Un probleme subsistait: Valaskü
connaissait trop peu le terrain, les evenements de Cadriena, et même
l'etat d'esprit de la population locale, qui pouvait se reveler être un
facteur capital pour la victoire finale... Il réenvoya donc son espion
en avance.
L'apres-midi touchait à sa fin, lorsque l'armée arriva
enfin aux frontieres de Cadriena. L'espion ne revint que tard le soir,
alors que tout le monde dormait, hormis Valaskü, qui attendait, assi
sur un rocher surplombant une courte falaise. L'espion le rejoint, et
dit:
- J'ai des nouvelles, Sir.
Valaskü se tourna vers lui, impacient de pouvoir enfin mettre son plan à execution...
- Quelles sont-elles?
L'espion afficha un sourire mauvais tandis qu'il repondait:
-
Les terres de Cadriena accueillent en ce moment de nombreux invités,
venus de toutes les terres Ekaryciennes, et une grande fête agrémentées
de tournois de toutes sortes s'y deroulent...
Une fête. Voila tout ce qui pouvait sortir de ces terres maudites. Nulle armée valable, nul grand miracle strategique attendait Valaskü. Il devrait attaquer des imbeciles festoyant il ne savait quoi... Cette pensée le fit rire malgré l'absurdité de la situation. Enfin, après une longue minute de silence, il dit, comme pour lui-même:
- Laissons-les pour l'instant, un royaume occupé par des festivités ne peut se preparer à une bataille qui le ruinera...