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Adraylia
27 octobre 2006

Sombres desseins (48)

Par Merwbrylla

Seule, alors que la nuit était enfin tombée sur Cadrienia et que l’ambiance de fête retombait pour quelques heures, Merwbrylla demeurait sur les remparts de la cité, sa main posée sur la pierre froide, son regard flattant le lointain et l’océan qu’elle apercevait là-bas. De ses yeux elle cherchait à percer les eaux sombres, à franchir les distances, à la recherche du moindre indice, de la moindre trace de l’arrivée prochaine de Valaskü, en vain. Elle soupira, et, perdant le fil de ses pensées, contempla un instant le reflet que la lune donnait à sa peau. Elle était si blanche… un frisson l’arracha à sa torpeur, elle qui ne pouvait plus ressentir la morsure du froid ou du vent.


- Serait-ce de l’excitation ou… de la tristesse ?


Elle savait depuis bien longtemps déjà, depuis le jour en fait où son âme avait retrouvé cette enveloppe défunte, qu’elle était soumise aux caprices de ses sentiments, comme une vulgaire mortelle. Et, avec le temps, elle avait appris à refouler cette humanité si encombrante. Du moins c’est ce qu’elle s’était plue à croire, mais, depuis quelques jours, quelques semaines, le doute avait fait son apparition. Et si son humanité d’antan, dont elle gardait malgré elle une certaine nostalgie et une vision de pureté et de douceur, si cette humanité se satisfaisait en fait de ses pulsions actuelles ? Et si finalement… elle secoua la tête avec vigueur, chassant pour quelques instants ces idées dangereuses.

Elle était désormais tournée vers Kjeldos, cité de son enfance, qui lentement s’endormait. Dans ses souvenirs elle avait toujours aimé la nuit, se balader dans les ruelles de la cité paisible, comme aujourd’hui elle avait aimé s’asseoir sur les remparts à admirer les lumières qui envahissaient la ville la nuit venue. Mais ces souvenirs étaient révolus… et… demain… ils partiraient en flammes, comme toutes les traces de leurs existences. Cela ne la remplissait pas de joie, plus maintenant, mais elle savait que cela devait être fait, c’était nécessaire, oui… nécessaire.


- Bonsoir…


Une petite voix fluette sur sa gauche, instinctivement Merwbrylla porta la main sur la longue dague noire cachée sous sa robe, mais il ne s’agissait que d’une enfant. Elle se détendit, doucement, et reprit sa contemplation de la cité.


- Toi aussi tu aimes voir la ville la nuit ?


Merwbrylla sursauta, la petite fille s’était assise juste à côté d’elle. Etait-ce à elle qu’on adressait ainsi la parole ? Ne sachant que dire, quoi faire, elle demeura dans son mutisme sous le regard inquisiteur de l’enfant. Cette dernière continua à parler, apparemment contente d’avoir une personne à qui parler en cette nuit, et, tandis que Merwbrylla, toujours, restait silencieuse, elle lui parla, de ses jours passés, de ses amis, de l’avenir radieux qu’elle s’imaginait. La vampire serra le poing, troublée malgré elle.


- Tu as la peau très blanche tu sais ?


Ces quelques mots, faisant écho aux pensées de la midiante la firent réagir.


- Pardon ? Tu disais ?


L’enfant cligna des yeux, surprise, avant d’avoir un petit rire, qui, sans qu’elle sache pourquoi, accentua la gêne de Merwbrylla.


- Ho… J’avais cru que tu ne parlerais pas… Les gens trouvent que je pose trop de questions, que je parle trop…


La vampire eut un sourire, à la fois triste et pensive…


- Non non… Tu vis ici ?


La petite fille se releva, montrant du doigt une direction.


- Dans le quartier Sud de la cité, pas très loin du château en fait… j’aime bien aller voir le Seigneur de temps en temps… Il y’a toujours de l’animation et du monde là-bas…


Merwbrylla s’était raidie lorsque référence avait été faite à Niabea. Elle se leva à son tour et fit quelques pas.


- Comment t’appelles tu ?


Elle ne regardait plus l’enfant, lui tournant le dos, prête à partir.


- Terny !


L’Azkenote soupira, les yeux à nouveau perdus dans le lointain. Mais dans ses yeux brillait de nouveau la flamme de la détermination, elle ne devait pas faiblir… pas maintenant.


- Terny… c’est un joli nom… Demain tu…

A nouveau un petit rire joyeux, l'enfant ne pensait qu'à la fête qui se poursuivrait le lendemain... si elle savait...


- Demain je ?


Cette fois Merwbrylla baissa la tête.


- Non… rien…

Et elle descendit les marches, retournant au cœur de la cité, dans quelques heures le soleil se lèverait sur Cadrienia…

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