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Adraylia
4 novembre 2006

Sombres desseins (54)

Par Mew

La poussière, omniprésente, et l’odeur de la mort, qui, doucement, montait de la cité en flammes. Merwbrylla eut un grand soupir, les membres comme engourdis par l’exaltation, par cette sensation si humaine de triomphe. Des colonnes de fumées et des cries d’agonies provenant des quartiers proches lui arrachèrent un sourire. Elle tourna sur elle-même, les bras en croix, prise d’un grand rire joyeux. Qui l’aurait vu ainsi, tournoyer au centre d’un cercle de flammes l’aurait prise pour une pauvre petite fille folle. Mais ce n’était pas la folie qui envahissait le cœur gelé de la vampire, mais le soulagement le plus profond, même si…


- … Valaskü aurait pu me prévenir de l’imminence de l’attaque… J’ai presque été surprise…


Elle sentit comme un murmure non loin d’elle et se retourna, pas âme qui vive. Mue par un étrange pressentiment elle mit la main à son côté et sortit de son fourreau sa sombre lame. Cette dernière semblait animée d’une vie propre, tremblant dans la main de la midiante. Mewbrylla eut un sourire amusé.


- Toi aussi tu veux t’abreuver du sang qui s'écoule de Cadrienia ? Alors… allons faucher toutes ces vies…


Ses yeux retrouvèrent un sombre éclat, tandis que, doucement, elle descendait vers la cité. Non loin d’elle un groupe de survivants, cherchant sans doute à trouver refuge dans les hauteurs, gravissait doucement les marches menant aux sommets. Elle eut un sourire et sa main se serra un peu plus autour du manche de son arme.


- Allons…


En un saut elle fut sur le premier arrivant, lui tranchant la carotide dans le mouvement, sans hésitation, le sang éclaboussa son visage, elle se passa la langue autour des lèvres, oh douce sensation… les deux soldats accompagnant le groupe la chargèrent alors, en criant, rapide et mortelle elle se glissa entre eux, enfonçant au passage ses deux mains dans les cœurs de ses victimes. Ils s’effondrèrent avec un bruit mat sur le sol, accompagnés dans leurs chutes par le cri d’une jeune femme quelques mètres plus loin. La paume de Merwbrylla vint interrompre son désespoir, s’abattant avec vigueur sur sa bouche, les lèvres de la vampire s’approchèrent doucement de l’oreille de l’humaine.


- Chut… Chut… Rien ne sert d’hurler… La mort arrive toujours à point nommé…


Et elle lui planta ses crocs dans le cou aspirant la vie hors du corps de sa victime. Quand elle la relâcha l’étincelle qui luisait quelques instants encore dans les yeux de la jeune femme avait disparu. Un cadavre de plus vint s’ajouter à ceux en présence sur les marches de l’escalier. De nouveau Merwbrylla eut un grand rire.


- Vois Niabea ! Vois ! Je descends aux enfers te rejoindre…


Elle traversa un nuage de cendres, véritable statue d’un ange de la mort en plein milieu de l’apocalypse véritable. Et, surplombant pour quelques instants encore la cité ravagée elle vit les troupes de Valaskü investir rapidement les quartiers inférieurs malgré une pathétique résistance des habitants. Elle chercha quelques secondes du regard les troupes d’Eronnor, mais aucune trace d’elles, sans doute sur un autre flanc de la cité. Enfin tout cela lui importait peu, elle avait confié le commandement de ces morts à Valaskü, tout ce qui lui importait à elle c’était simplement de le retrouver, lui, au milieu de ce chaos. Elle descendit les dernières marches et entra dans les ruelles désertes. Elle ferma les yeux quelques instants, cherchant à capter au milieu de la rumeur de la bataille une quelconque trace de Niabea. Soudain elle les rouvrit, ils avaient pris une couleur glaciale, et, cependant, un sourire, tel un rictus, s’était figé sur son visage.


- … Enfin… le temps… est … venu…


Elle se coupa légèrement l’avant bras et fit tomber quelques gouttes de son sang dans la bouche de cadavres proches, l’armée de Valaskü avait déjà fait son travail en ces lieux. Puis elle poussa un cri, inhumain, invitant les morts à se relever pour une dernière marche. Non loin de là, elle le savait, le Tisseur luttait pour sa vie, et, elle en avait la certitude, il survivrait jusqu’à son arrivée. Tel était son destin, il devait mourir de sa main, elle voulait le voir souffrir entre ses doigts. Elle voulait… Elle secoua la tête… elle ne devait pas le faire attendre… oh non… elle avait bien trop attendu pour cela, bien trop…


- Allons mes maudits… offrons à ce peuple une dernière danse avant sa disparition… totale.


Elle pointa de sa lame la cité en flammes devant eux et les cris des morts suivirent tandis qu’ils se jetaient dans les ruelles pour y apporter la mort. Elle-même avançait, abattant l’un après l’autre les gardes cadrieniens et les gens affolés qui s’avançaient dans sa direction. L’ivresse du sang, de la mort était si forte en elle que ses yeux étaient devenus rouge sang, comme deux rubis tandis qu’à son doigt l’anneau de la folie prenait lui aussi une lueur carmine intense. Elle le fixa un instant, perplexe, puis reprit sa route meurtrière, elle trouverait bien des réponses dans les ruines de Cadrienia.

Au détour d’une rue jonchée de corps elle vit au prochain angle ce visage qu’elle avait tant haï, et fut parcourue de tremblements. Elle voyait offerte, devant elle, l’accomplissement de tant d’années de souffrances et d’efforts, temps était venu de mettre fin à son calvaire, de…


- … METTRE UN TERME A TOUT CA !


Son pas s’accéléra, et, entourée par les morts, elle fondit sur la petite troupe du jeune seigneur.


- TISSEUR !!


Ce mot elle l'avait presque craché tant sa haine était vive. Et, quand elle le vit se retourner, quand elle vit ses yeux tout cela fut pour elle bien plus fort qu’une jouissance éphémère. La peur, la douleur, toutes ces sensations que depuis toutes ces années elle ressentait si cruellement, tout cela elle l’avait perçu dans le regard de Niabea. L’affrontement était enfin arrivé.

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