voyage en enfer (4)

Par Niabea

Si Niabea avait eu le cœur endurci par bien des horreurs au cours des dernières années, rien, non rien, n’aurait pu le préparer au spectacle atroce qui se déroulait en enfer. C’était la première fois que le jeune homme était confronté au Mal de façon si criante, à une telle souffrance. Le feu de la haine brûla dans ses yeux, impitoyable, si Bauglir, tout frère d’Adraylia qu’il était, trempait dans de si sombres desseins, il devrait répondre de ses actes.. Ouvrant son esprit, il chercha à localiser le seigneur de Sommerlund, mais, et pour la première fois depuis bien des années, il sentit un blocage dans l’usage de ses pouvoirs. Il eut un rire sinistre.

- J’aurais du m’en douter… Les ténèbres oppressant ces lieux étouffent mes dons de tisseurs …

Décidemment, plus le temps passait moins il aimait cette histoire. Il était fatigué, privé de ces pouvoirs et… il s’arrêta un instant. Perdu ! Dans l’immensité des steppes infernales il était bel et bien perdu. Malgré la chaleur ambiante, il eut un frisson, comment en était-il arrivé là ? Il refusa néanmoins de céder à une quelconque forme de désespoir, ce n’était ni le temps ni le lieu. Soudain ces yeux captèrent un mouvement contraire à celui de la masse suppliciée. Bauglir et cette démone, ce succube. Ils étaient déjà bien loin et Niabea du courir pour les garder à portée de vue.

- Hé toi !

Il n’était plus qu’à quelques mètres d’eux lorsque cette voix l’avait stoppé net. Il se maudit intérieurement d’avoir été si peu discret lors de sa filature. Un démon mineur, puant le souffre à cent pieds, sortit de l’ombre d’un bloc de lave solidifiée. Niabea ne pus retenir une grimace dédaigneuse à l’encontre de la créature démoniaque qui s’approchait de lui. Pour le moment, cette dernière n’avait pas l’air agressif, mais, le tisseur le savait, cela ne durerait pas. Dès qu’elle aurait saisit qui il était, elle donnerait l’alerte.

- Approche un peu pour v…

Le démon n’avait pu terminer sa phrase, Sih Eget, en un éclair d’acier, avait fait son office. Avec un bruit sourd, la créature s’effondra, Niabea se jeta dans l’ombre quelques mètres devant lui. Bauglir s’était retourné, fixant l’obscurité d’un air soupçonneux. Le seigneur de Cadrienia arrêta de respirer, certain d’être découvert. Finalement, le frère d’Adraylia reprit sa marche et Niabea laissa échapper un soupir, ça ne serait pas pour cette fois. Il attendit quelques instant supplémentaire, sans bouger, puis, enfin, sortit de sa cachette. Alors seulement l’évidence le frappa.

- Mais… mais où est le corps du démon que j’ai tué ?

Nulle trace en effet de cadavre. Niabea garda l’épée à la main, bien trop de choses étaient étranges par ici… bien trop. Néanmoins, et malgré son envie, terrible, de revenir à la surface, il continua de suivre Bauglir. Peu à peu l’environnement changea, jusqu’à devenir véritablement magnifique, éclatant de toute beauté. Mais le jeune homme n’était pas dupe, le mal est parfois d’une beauté redoutable… Il posa la main sur une sculpture et ressentit toute la perversité, toute la malveillance qui habitait l’endroit. Terrifié il retira sa main : le prince des démons habitait ce lieu cela ne faisait aucun doute. Mais tout prince à sa garde…

- …et je n’en voie aucune pour le moment…

Murmura Niabea, prolongeant sa pensée. Comment cela était-il possible ? La seule possibilité, qu’il n’osait envisager, était qu’il s’agisse d’un piège… Mais pourquoi vouloir le piéger ? Etait-ci si dure de le tuer en Ekarys, à la surface ? L’affaire devait sans doute être plus compliqué, car cela n’expliquait pas le comportement de Bauglir. D’ailleurs, ce dernier s’était arrêté auprès de deux démons, majeurs ceux-ci, que Niabea aurait été en peine de devoir affronter, même en ces possessions de ces pouvoirs de tisseurs. Et, tandis que le seigneur de Sommerlund reprenait sa route, escorté par les deux effrits, le jeune homme se demanda comment il pourrait franchir cet obstacle, un de plus, et qui ne serait sans doute pas le dernier.